Monuments-Infos n°65 janvier 2012

AAA*


*AAA n’est pas sigle de l’association des Amateurs d’Andouillettes Authentiques, mais la note maximale attribuée
par les agences de notation pour évaluer la solvabilité des états.

Les chiffres sont tombés mi-décembre (joyeux Noël !) le très officiel Institut National des Statistiques et des
Études Économiques (INSEE) a annoncé une période de récession pour la fin de l’année 2011 et le début de
l’année 2012 (et bonne année !). Qu’est ce qu’une récession ? C’est une période pendant laquelle la croissance
du P.I.B. (Produit Intérieur Brut) est négative. En résumé le pays ne créé plus de richesse supplémentaire et la
production de biens et de services diminuent. Les experts de l’INSEE tablent donc sur -0,2% de croissance
pour le dernier trimestre 2011 et -0,1% de croissance pour le premier trimestre 2012, ramenant ainsi les
prévisions de croissance sous la barre du 1%.
Ces mauvaises nouvelles ne vont évidemment pas arranger les affaires du gouvernement actuel qui avait tablé
sur une croissance de 1% en 2012 pour bâtir son budget et surtout son fameux plan de rigueur (le deuxième)
et nous promettait de sortir le pays de la crise qui était sensée être derrière nous [sic !]. Les français vont
devoir encore faire des efforts et se serrer la ceinture, mais qu’on se rassure, le gouvernement veille ! Une
question malgré tout se pose : Que cherche exactement à faire ce gouvernement ? Sortir durablement le
pays de la crise ou bien contenter les agences de notation ? Car tout le problème est là.
On nous parle de la « crise de la zone Euro », de la « crise de la dette », de l’explosion des déficits publics…
mais à aucun moment on entend parler des conséquences matérielles de cette crise sur la vie des salariés et
des citoyens : faillites, chômage, salaires en berne, perte de pouvoir d’achat… D’autant que l’amortisseur
que constituait notre système social est désormais bien mal en point. Car c’est précisément ce système
social qui coûte cher. Plus coûteux que le financement du système social, les intérêts de la dettes sont
depuis quelques année maintenant, le premier poste du budget de l’État. La dette de la France s’élève
à plus de 1.600 milliards d’Euros soit 85% du P.I.B. c’est à dire 85% de la richesse produite. Pour
diminuer le poids de la dette il n’y a pas 36 solutions, soit augmenter les recettes fiscales (voir du
côté des « niches fiscales » et autres exonérations qui profitent essentiellement aux plus aisés) soit
diminuer les dépenses sociales. Bien évidemment ce n’est pas la première solution qu’a choisit ce
gouvernement.
La France, comme six autres pays de la zone Euro, est désormais dans le collimateur des trois
plus puissantes agences de notation internationale. Le rôle de ces agences (totalement privées) est
d’apprécier la solvabilité financière des états sur le marché de l’emprunt. L’attribution d’une note
correspondant aux perspectives de remboursement envers les créanciers. Ainsi, plus la note sera
haute (le AAA étant la note maximale pour la dette à long terme) plus les états pourront emprunter
facilement et à un moindre coût (c’est à dire avec des taux d’intérêt moins élevés). On comprend
donc tout l’enjeu pour le gouvernement de maintenir sa note au niveau maximal mais en temps
de crise et avec un gouvernement menant depuis 5 ans une politique ultra-libérale, le résultat est
celui d’une fuite en avant qui vise à toujours réduire la dépense publique.
Quelle légitimité démocratique ont ces agences de notation ? Aucune. Le peuple vote, les
agences non. Et pourtant, ce sont bien elles qui aujourd’hui imposent aux états leurs politiques
économiques et sociales. Bien évidemment ces politiques sont libérales car elles tendent
à considérer la dépense publique comme une variable d’ajustement et non comme un
investissement d’avenir. Que ce soit en Grèce, en Italie, en Espagne ou en France… les états
avec leurs gouvernements se démènent pour être les bons élèves des agences de notation.
Ce n’est malheureusement pas ainsi que nous sortirons de la crise, bien au contraire, les
politiques d’austérité ne font que renforcer la morosité ambiante et plombent le principal
moteur de la croissance qu’est la consommation ! Alors que nous reste t-il ? Une politique
de relance financée par l’emprunt ? Dans le contexte de nos économies globalisées une telle
politique n’aurait qu’un impact très limité en plus d’alourdir le poids de la dette, l’expérience
des années 80 l’a démontré. D’autant plus que depuis la libéralisation du secteur bancaire
et du marché de l’emprunt, la dette des états est détenue par les grands groupes financiers
dont la seule préoccupation est la spéculation à court terme.
Alors certes, la crise est là et la croissance est en berne, mais la politique de rigueur n’est
pas forcément une fatalité. Des choix de gestion s’opèrent par ce gouvernement qui a prit
le parti de fragiliser notre système social et de faire payer la note aux plus modestes. Par
ces choix de gestion, ce gouvernement en réalité profite de la crise pour aller plus avant
dans la dérégulation et dans son idéologie néo-libérale. Ces choix de gestion, il ne tient
qu’à nous de les contester…

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