Pourquoi se syndiquer ?

Se faire entendre

Les Français seraient fâchés avec les syndicats.

Mais comment s’étonner

de ce constat quand on sait que les médias en France appartiennent à des
milliardaires et/ou de riches industriels, Bolloré, Pinault,
Lagardère… On n’attend pas, dès lors, d’information objective sur les
soubresauts économiques et sociaux qu’affrontent les vrais gens au
quotidien de leur vie. Les syndicats seraient perçus au mieux comme des
réactionnaires preneurs d’otages ou comme des corrompus à l’instar de la
classe politique ! Dans ce tableau peu amène, pourquoi se syndiquer ?
A la différence des politiques, les syndicats regroupent des gens
comme vous et moi, issus de votre milieu professionnel, qui travaillent
comme vous et partagent votre même destinée laborieuse. Ils n’ont pas
de primes chapeau liées à leur fonction de vous défendre, pas de
retraite privilège, pas de « ticket » pour siéger en Comité technique
ou CHSCT, pas de stock-option, pas de voiture de fonction ou de compte
off shore. Mais qu’est-ce qui motive alors vos représentants
syndicaux ?
Si ce n’est l’appât du gain, ça ne peut être que des idées et des
valeurs de justice sociale à défendre. C’est à la fois toute leur force
et leur faiblesse. De grandes idées certes mais aussi des analyses
alternatives de ce monde en mutation, parmi les sphères économique,
écologique, éducative, culturelle, sociétale… L’immense majorité des
syndiqués et de leurs représentants ne font pas métier de leur
militantisme. Car se syndiquer c’est d’abord s’intéresser à ce qui nous
regarde (et dont on nous fait croire l’inverse !), s’intéresser au
destin de son entreprise ou administration, savoir comment cela
« marche » (ou pas), quels sont les projets de transformations réels ou
cachés, prendre part aux décisions qui impliquent l’ensemble de la
communauté de travail, réfléchir à ce qui vient « d’en haut », faire
des liens avec ce qui se joue ailleurs (gouvernements, Europe, Monde).

Mais plus encore, c’est expérimenter une solidarité, que l’on n’est
rien tout seul, que l’on doit beaucoup à ceux présents ou qui nous ont
précédés, parfois au sacrifice de leur vie, qu’ensemble nous pouvons
inclure nos propositions et œuvrer pour un monde moins inégal. Militer
c’est résister à la contamination de l’individualisme. C’est défendre
l’individu pris dans l’opposition irréductible des intérêts de castes
ou de pouvoir. C’est se respecter et faire respecter ce que nous
sommes, petits certes, mais grands par la dignité et le nombre. C’est
enfin lutter contre l’inhibition, le sentiment d’impuissance, devenir
acteur, à sa mesure mais être acteur enfin ! Les puissants ont leurs
syndicats et ne se privent pas d’être solidaires entre eux. Les mois et
années à venir vont être troublés et synonymes de régression à tous
égards, il est temps de nous engager pour que notre destin commun ne
nous échappe pas. Les syndicats sont ce que vous en faites, ils sont à
votre image et leur puissance, leur légitimité sont à l’aune de votre
intérêt et de votre implication.

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