Même au musée Picasso, la démocratisation culturelle ne serait plus une priorité !

Hier, 27 novembre 2018, se tenait le Conseil d’administration du musée Picasso Paris.

La CGT-Culture, dans toute sa diversité et la solidarité qui est la sienne, s’y est invitée avec une quarantaine de camarades venant de tous services et horizons : Secrétaires nationaux de la CGT-CULTURE, camarades de l’administration centrale, de Guimet, d’Orsay, de Fontainebleau, de Versailles, du Louvre, de Cluny, du CMN, du Mobilier National, de l’INRAP, des Archives Nationales, du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, de la RMN, de Pompidou, du SNMH, du SGPA, bien entendu de Picasso, et même des camarades retraités de la CULTURE (bon pied, bon œil et toujours dans l’action !) et pardon à ceux oubliés… 

Ensemble, ils sont venus apporter leur soutien au personnel du musée Picasso mis à mal par la volonté de la direction du musée de faire disparaître purement et simplement de l’organigramme de l’établissement la Direction des Publics et du Développement Culturel. Ce qui constitue en soi une aberration totale dans un Établissement Public et Musée National dont une des missions premières, selon toutes les préconisations des ministres passés ces dernières années par la rue de Valois, est de rendre justement la culture accessible au plus grand nombre et d’agir concrètement pour la démocratisation culturelle. 

Après avoir initié en intersyndicale le refus de siéger au dernier CT de proximité du 8 novembre, où la direction comptait faire passer ce point pour avis – sans même que cela n’ait jamais été évoqué en CHSCT -, les représentants CGT du musée ainsi que l’ensemble des invités surprise ci- dessus mentionnés ont donc décidé d’interpeller les membres du Conseil d’administration du musée Picasso et son Président, devant la tutelle, en leur lisant une déclaration (ci dessous).

Indépendamment d’y lister une partie des dommages qu’engendrerait une décision aussi irresponsable qu’arbitraire , il y est demandé non seulement le maintien de cette Direction des Publics et du Développement Culturel, mais aussi son renforcement ! 

Face aux questionnements sur le devenir de cette Direction et des personnels ayant été invités a remballer leurs cartons : (contrats non renouvelés après un total investissement depuis plus de 6 ans…), on ne pourra reprocher au Président d’avoir été très prolixe … Bottant en touche sur toute responsabilité, et arguant que ces questions n’étaient pas à l’ordre du jour de ce Conseil d’administration…

Par ailleurs, la CGT-CULTURE a recommandé à Monsieur le Président du Musée National Picasso Paris de prendre connaissance du Discours du Président de la République prononcé à l’occasion de l’inauguration du Musée des Beaux Arts et d’Archéologie de Besançon où il est largement question des orientations que doivent avoir les musées et de démocratisation culturelle !

Bien que l’échange n’ait pas été des plus enthousiastes de la part de la direction du Musée National Picasso Paris, nous avons néanmoins réussi à obtenir de la part de M. le Président un engagement d’ ouverture de négociations sur ces questions sur lesquelles l’ensemble de la CGT-CULTURE, dans toute sa représentativité, restera extrêmement vigilante.

Affaire à suivre de très près…

POUR QUE VIVE LA CULTURE POUR TOUS !

VIVE LE MINISTÈRE DE LA CULTURE ET LA DIVERSITÉ DES PUBLICS DANS LE RESPECT DES PERSONNELS ET LEURS MISSIONS !

VIVE LA CGT-CULTURE !!!

Paris, le 28 novembre 2018

Déclaration de la CGT
lors de la tenue du CA le 27 novembre 2018

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d’Administration du Musée Picasso Paris
Monsieur le Président de l’établissement PUBLIC du Musée NATIONAL Picasso Paris

Nous nous sommes invités aujourd’hui pour faire suite à notre refus de siéger au CT du 8 novembre où la Direction du Musée Picasso nous proposait un nouvel organigramme d’où disparaissait purement et
simplement la Direction des Publics et du Développement Culturel, sans aucune concertation préalable et en totale rupture avec le dialogue social.

Au sein d’un Établissement Public et Musée National, cela va complètement à l’encontre des missions premières du Ministère de la Culture et de la loi Musée du 4 janvier 2002 qui, prône l’accès à la culture
au plus grand nombre et une démocratisation culturelle.
Sur ces questions on peut notamment se référer à un article du journal Le Monde du 10 novembre 2018 intitulé « La valse des regrets des Ministres de la Culture » dans lequel divers ex-ministres déplorent un élitisme grandissant
– « parisianisme culturel et entre-soi « selon Fraçoise Nyssen
– « onction des cercles culturels parisiens » dixit Renaud Donnedieu de Vabres
– « Personnes influentes qui se moquent de l’accès à la Culture pour tous »
selon Jacques Toubon
-etc.

La Culture se doit réellement d’être accessible au plus grand nombre et pas uniquement à quelques « Happy few » (pour citer Stendhal dans la Chartreuse de Parme) !

Par ailleurs, la disparition de la Direction des Publics, avec suppression de postes reviendrait rapidement à :
• L’abandon des actions de développement de Publics Empêchés, en situation de handicap, ou publics dit éloignés
• Un amoindrissement de prises en compte de spécificités des divers publics, de leur accueil et l’adaptation des visites proposées.
• Cela serait un frein au développement d’outils pour ces publics spécifiques. (Exemple : mise en œuvre d’outils tactiles…)
• Cela présagerait d’une réduction des séances de formation et de sensibilisation pour les Enseignants et les Relais culturels du musée.
• De même qu’une baisse de visibilité serait à redouter sur les activités menées au musée (ex : contrôles de qualité plus difficiles à opérer, moins de retour d’expérience des visiteurs, perte de disponibilité
pour échanger avec le public via les boîtes mails qui leur sont dédiées…
• La gestion au quotidien pour tous les Publics du musée risquerait d’être beaucoup plus compliquée avec une surcharge de travail pour les personnels restants (risques RPS).
• Serait également à craindre la réduction des supports de médiation conçus par typologie de publics : dossiers pédagogiques, œuvres commentées, carnets d’observation etc (faute de temps et de
personnes pour les concevoir)
• La liste des dommages ici présentée étant loin d’être exhaustive…

Nous en venons à supposer que la restriction drastique du nombre de partenariats passé de 10 à 4 cette année écoulée était annonciatrice du démantèlement de cette direction.
Une fois de plus, ce sont les Publics les plus fragiles ou les plus éloignés du musée qui en pâtiront les premiers.
Et il n’y en a vraiment pas de quoi s’en enorgueillir !

En outre, cela met à mal les missions et l’expertise des personnels qui, depuis des années, au sein de cette direction se sont investis et impliqués pour se retrouver du jour au lendemain et sans sommation, éjectés sans considération, de leurs services et voir leurs postes supprimés.

Pour la CGT un tel mépris des personnels et du public est inconcevable et intolérable.

Nous rappelons à la Direction qui semble l’avoir oublié, que le musée Picasso est un Établissement au service du Public et de tous les publics avec des personnels compétents et attachés à leurs missions.
En écho au CHSCT du 8 novembre dernier : nous clamons qu’ « Un Musée n’est pas qu’une machine à faire du fric » !!!
(Ex : transformation de salle à vocation pédagogique en restaurant…)
Que les moyens que l’on souhaite mettre au profit des publics payants ne fasse pas au détriment des publics considérés comme » non rentables » !

Indépendamment de toutes les conséquences désastreuses de ce démantèlement de la Direction des Publics et du Développement Culturel, nous dénonçons la manière arbitraire dont la Direction s’apprête à
déstructurer cette Direction.
Nous rappelons que nous ne sommes pas encore en autonomie de gestion et
à voir les dérives que cela risque d’engendrer, le pire est à craindre !!!

Si dans son rapport, Philippe Bellaval, en parlant des opérateurs du secteur des Patrimoines, (p. 23), compare les Etablissements Publics à « des vaisseaux de haut bord (ou à de plus frêles esquifs…) ».
Comme le chantait Jean Ferrat :
« Ma mémoire chante en sourdine

Potemkine

m’en voudrez vous beaucoup si je vous dit un monde où l’on est pas toujours

du côté des plus forts »

De fait, un Président d’Établissement Public n’est pas seul maître à bord et doit rendre des comptes à la tutelle que nous interpellons ici et aujourd’hui même.

Nous engageons la tutelle à statuer la pérennisation de cette Direction par son maintien ainsi que les postes qui la composent et, compte tenu de son importance, nous demandons même son renforcement !
D’autre part pour chaque départ volontaire, il doit y avoir une publication d’avis de vacance sur la BIEP et que l’expertise et les compétences des personnels soient valorisées.

Pour que vive la Culture pour tous !
Vive le Ministère de la Culture et la Diversité des Publics,

dans le respect des personnels et leurs missions !!!

Paris le 27 novembre 2018