Vol au-dessus d’un nid de services à compétence nationale

Nous apprenons, totalement par hasard, que l’Inspection Générale des Finances réalise une mission de réflexion sur les services à compétence nationale du ministère de la Culture dans le champ patrimonial depuis le 2 novembre 2022. Cette mission viserait à évaluer le statut de nos services à compétence nationale. Un rapport sera remis au cabinet de la ministre de la culture en février 2023. Cette mission de réflexion est complémentaire à la mission de contrôle de l’IGF qui est en cours sur trois établissements publics dont le Mucem et Picasso (cette mission de contrôle est tout à fait normale).

Nous sommes évidemment surpris de constater que le Cabinet de la ministre de la Culture n’a pas jugé utile d’informer en amont les organisations syndicales de cette réflexion ne serait-ce que pour nous inviter à y participer. Dire que les échanges avec ce cabinet sur les politiques patrimoniales, les réseaux nationaux tant dans le domaine des musées nationaux, des archives nationales, des laboratoires et départements de recherche et donc des services à compétence nationale sont inexistants est un doux euphémisme. Idem pour des débats constructifs sur les politiques culturelles de manière plus générale. Nous sommes aussi dépités de constater que les questions de tuyauteries budgétaires sont à la source des réflexions et non les questions de politiques publiques culturelles.

Nous savons tous d’expérience ce que signifie le mode réflexion quand il s’agit de la marotte favorite, pour ne pas dire l’obsession mortifère, des serviteurs zélés du dogme de la marchandisation de la culture et au passage fervents connaisseurs de la tuyauterie budgétaire, de supprimer le statut de service à compétence nationale – pardon – de transformer les services à compétence nationale en des entités « modernes et autonomes » plus communément connus sous le nom d’établissements publics !

La réflexion entreprise est passablement déloyale et totalement opaque à l’égard de la communauté de travail ministérielle dans son ensemble. En outre, nous nous interrogeons sur le choix de ne pas recourir à l’Inspection Générale des Affaires Culturelles pour l’associer à cette réflexion.

Nous pouvons légitimement aussi nous interroger sur les compétences et les prérogatives de l’IGF en matière de services à compétence nationale patrimoniaux ; ça ne saute pas aux yeux tout de suite et en y réfléchissant non plus !

Et que dire de l’utilisation des deniers publics quand on sait que c’est la énième réflexion sur le statut des services à compétence nationale qui n’a pour objectif que de réduire la place et le rôle de l’administration centrale au sein du ministère de la Culture dans son rôle d’animation de réseau notamment.

Non seulement le procédé est peu transparent mais vient s’ajouter aux engagements publics de la ministre de la Culture qui a affirmé encore récemment qu’il n’y aura pas de grande réorganisation au sein du ministère de la Culture, le directeur de Cabinet ajoutant que toutes ces réorganisations participaient de la perte de sens au travail et que priorité sera donnée aux politiques publiques culturelles. Alors qui est la patronne du ministère de la Culture ? La ministre de la Culture ou l’Inspection Générale des Finances ?

Au regard de la situation, la Cgt-Culture a demandé au directeur de Cabinet à être reçue en toute urgence sur cette question.

Avec les personnels, la Cgt-Culture exige le maintien du statut de service à compétence nationale, l’amélioration de leurs moyens et une meilleure coordination au niveau de l’administration centrale.

Vive les services à compétence nationale

Et que vive le ministère de la Culture !

Dans un souci de transparence, nous communiquons la lettre de mission de l’IGF à la suite de ce tract ;

Paris le 1er décembre 2022