Question de Jack Ralite, Sénateur, à Frédéric Mitterand, Ministre de la Culture et de la Communication

Monsieur le Ministre

Ce trimestre, dans les équipements culturels nationaux, les personnels et créateurs sont confrontés à une liste d’initiatives gouvernementales donnant le  vertige, avec un et caetera que demande sans cesse le ministre du Budget.

S’expliquent ainsi les actions, qui ne sont pas éteintes, au Centre Pompidou, au Louvre, au musée d’Orsay, au château de Versailles, à la BNF et à la BPI, dans les monuments les plus visités – les Tours de Notre-Dame, l’Arc de Triomphe, la Conciergerie, la Sainte-Chapelle. De même, en région, les châteaux de Pau et d’Azay-le-Rideau, les remparts de Carcassonne et d’Aigues-Mortes etc.

Quatre points de la liste :

1°) Les injonctions de Monsieur Fillon : « Faire mieux et moins cher » ; s’interroger sur « le degré de rigidité à la baisse » ; un rapporteur UMP recommande « la suppression des structures publiques inutiles ». L’avenir du budget n’est plus garanti.

2°) La RGGP 1 et 2 supprime 670 emplois (plan triennal 2009-2011), ajoutant : « la réduction des charges fixes n’excluant pas la masse salariale. » Un désossement des services qu’Eric Woerth continuera, évoquant déjà la mathématique guillotine (moins 1 emploi sur 2 retraités) pour 2012-2013 qu’il veut piocher dans les emplois statutaires, contractuels à temps plein, précaires, gelés, dégelés, externalisés, supprimés.

3°) L’extension de la RGPP 2 aux monuments du Centre des monuments nationaux, autonomes mais pilotés ferme et offerts aux désirs des collectivités territoriales qui, en cas de difficultés prévisibles, pourront les vendre au privé, piétinant leur caractère inaliénable. Au point d’émouvoir Monsieur Aillagon…

Ces économies détériorantes font à peine 1% du budget de la Culture, lui-même faisant à peine 1% du budget général.

Au Forum d’Avignon, j’ai entendu de beaux discours, justifiant notamment le rôle de la création, de l’imaginaire, de la pensée dans la croissance.

On est loin de ces mots qui n’engagent à rien, en tout cas pas le Gouvernement, alors que les mots des artistes sont des points d’appui sur le monde, que les regards sur les créations prennent le risque de l’inconnu en découvrant l’invisible dans le visible.

Monsieur le Ministre,

Faites stopper cette politique destructrice. Après tout, vous avez remporté un beau succès dans le grand emprunt, marchant côte à côte avec les personnels des Monuments nationaux et la Commission des Affaires culturelles du Sénat. Il vous faut d’ailleurs obtenir l’exception culturelle pour que son application soit libérée, comme vous le souhaitiez, de la tentation du monopole Google. Il ne faut pas diminuer, mais augmenter les crédits culturels « pour se souvenir de l’avenir », dirait Aragon.
Qu’en dites-vous ?

QA20091217-04-ralite_CUT.flv

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