Quelle politique culturelle au CMN ? Quel devenir pour ses conférenciers ?

Vous le savez, la CGT l’ayant dénoncé depuis déjà longtemps, que ce vénérable établissement emploie en dehors de tout cadre légal plus d’une centaine de conférenciers. Payés à la tâche, sans protection ni reconnaissance, le CMN n’a pas daigné non plus revaloriser leur taux de rémunération depuis onze ans ! Pourtant, le CMN n’a de cesse d’organiser des tests d’aptitude et d’agrémenter d’autres conférenciers pour, semble-t-il, de nécessaires médiations culturelles aux contenus et mises en œuvres pointus.

Il y a aujourd’hui près de trois ans, le CMN concédait de stabiliser un certain nombre de conférenciers et/ou animateurs du patrimoine. C’est-à-dire de reconnaître un lien contractuel – quand bien même précaire – avec ces personnels, dont certains travaillaient pour la « boutique » depuis des lustres. Seul un nombre limité d’entre eux, dont la récurrence et le volume de travail étaient significatifs, sont devenus « vacataires permanents » de l’établissement.

Néanmoins, loin de s’emparer des enjeux de démocratie culturelle en faisant de ces agents hautement qualifiés (le pré-requis pour l’agrément étant une maîtrise en histoire ou histoire de l’art) un des instruments pour une politique culturelle ambitieuse, le CMN s’évertue à vouloir en faire avant tout une activité rentable. C’est à ce titre, qu’il se dit « déçu » des résultats financiers tout en considérant le cadre contractuel de ces vacataires quelque peu « rigide », alors qu’il est si commode de tirer bénéfice de conférenciers sans contrat de qui on exige de travailler au pied levé !

La gestion des conférenciers par le CMN laisse transparaître un manque d’ambition et de stratégie concernant les pratiques culturelles suscitées au sein des monuments. Ainsi, grâce au travail de prise de conscience fait par les « inventeurs » du patrimoine national (Vitet, Mérimée ou Viollet-le-Duc) le public aujourd’hui averti à cette idée lui témoigne un grand attachement. Et c’est bien sur ce lien affectif, que le CMN compte pour assurer son fond de roulement, parce qu’il semble qu’il ne faille pas compter sur lui pour encourager au-delà l’intérêt du public pour le patrimoine. Peu importe la nature des pratiques culturelles suscitées ou pas, pourvu que les visiteurs viennent en masse. La massification du public est aujourd’hui le seul pivot de la politique culturelle de l’établissement.

Favoriser la connaissance du patrimoine national s’organise en tant que mission statutaire et fondamentale de l’établissement. Mais aujourd’hui, cela se fait autour du seul objectif des recettes. Et parce que l’on a l’honnêteté au CMN d’admettre que le droit d’entrée n’est pas donné, le visiteur doit être rassuré, tout doit être mis en œuvre pour qu’il puisse prendre sa photo souvenir. Même s’il faut pour cela sacrifier l’intégrité des lieux par des rambardes et autres dispositifs sécuritaires. Réduits à de bien pittoresques belvédères, les monuments n’accueillent ni n’encouragent aujourd’hui le public vers une connaissance partagée.

Le CMN une exception au sein du Ministère de la Culture ?

Le CMN fait figure dans le paysage ministériel d’ « exception ». On nous dit au ministère de la Culture que la médiation culturelle est un pilier majeur de sa politique culturelle. D’ailleurs, on nous répète à l’envi que tous ses établissements publics sont actuellement mobilisés autour de projets culturels dans lesquels les conférenciers ont un rôle central à jouer.
Oui mais pour le CMN ce n’est pas possible, puisque pas suffisamment rentable ! Non seulement, il n’y a pas dans ses tiroirs de projet structurant l’action des visites conférences mais lorsque la CGT demande qu’à l’occasion de la réforme du statut des contractuels soit enfin porté au titre des métiers du CMN celui de conférencier (et/ou animateurs du patrimoine), l’établissement juge la chose impossible… quand bien même des conférenciers travaillent sur postes inscrits au budget depuis des années ! Et, en ce qui concerne le service des visites conférence en Ile-de-France, celui-ci, de l’avis du Président du CMN, a vocation à disparaître.

Il est difficile, dans ces conditions, d’accorder un tant soit peu de crédit à la politique culturelle de l’établissement alors que s’élargissent ses missions à la maîtrise d’ouvrage et qu’il connaît un épisode déterminant de déconcentration.

Aujourd’hui, une chance historique s’offre au CMN de reconnaître les missions et le métier de conférencier au sein de l’établissement. Aussi, la CGT réaffirme sa détermination à voir reconnaître le métier de conférencier comme un métier à part entière de l’établissement ainsi que la reconnaissance et la pérennité des missions qui leurs sont attribuées.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le 30 août avec la direction.

Paris, le 16 juillet 2007

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