Monuments-Infos n°69 février 2013

REQUIEM POUR LE SERVICE PUBLIC


Le 31 janvier dernier, plus de 150 000 fonctionnaires étaient dans la rue, dans les 130 rassemblements et
manifestations recensés à travers toute la France.
Le même jour, à la maternité de Port-Royal, près de laquelle démarrait le défilé parisien, une jeune maman se
voyait refuser son entrée au service obstétrique, par manque de place.
Quelques heures plus tard, elle perdait son bébé in-utero.
Ces dernières années, combien de maternités de proximité ont fermé leurs portes grâce aux politiques menées,
combien d’infirmières, d’aides soignants partis à la retraite n’ont jamais été remplacés grâce à la RGPP ?… Il
parait qu’il y a trop de fonctionnaires en France, qu’il faut faire des économies, que notre service public est
obsolète et trop coûteux…
Il parait aussi, qu’il faut se faire une raison, que c’est la crise, qu’il est normal que des hôpitaux ferment leurs
portes, saturant ainsi ceux qui restent ouverts, qu’il est normal que le personnel hospitalier soit soumis à
des cadences infernales, des conditions de travail déplorables, un sous-effectif chronique… Il est tout aussi
normal de fermer des écoles, de laisser de jeunes profs à peine sortis des bancs de la fac, seuls face à des
classes surchargées… Mais au final, c’est aussi nous, les usagés qui en payons le prix, un prix bien trop
élevé, parfois.
Mais qu’est ce que c’est que ce service public qui coûte si cher, parait-il ? A quoi sert-il ? Serait-ce une
particularité française ?
L’idée même de service public est très liée à notre Histoire et ce depuis très longtemps. En effet, sous
l’Ancien Régime, c’était le « bien commun » que le roi devait défendre pour son peuple. Au moment
de la Révolution Française, dès l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, on
parle d’ « utilité commune », que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les
distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». L’article 17, lui, parle de
« nécessité publique ». C’est l’intérêt général qui permet de fonder en droit les relations de l’Etat
et de la société. Rousseau, lui-même, qui à beaucoup inspiré la Révolution Française avait travaillé
sur ces idées (relire en urgence « Du contrat social »). C’est dans un pays pourtant au bord de la
banqueroute que de grands hommes rédigeaient ces quelques lignes… C’est sous cette inspiration
de l’Histoire que s’est créée en France, à la fin du XIXème siècle, une école du service public. L’un
de ses fondateurs, Léon Duguit écrivait : « L’Etat est une coopération de services publics, organisés
et contrôlés par des gouvernements ». En 1946, à l’initiative de De Gaulle et grâce au travail de
Maurice Thorez, alors ministre d’Etat chargé de la Fonction Publique et de représentants CGT
et CFTC, nait la loi du 19 octobre 1946 « relative au statut général des fonctionnaires » qui est
l’un des plus grands textes démocratiques et progressistes du lendemain de la seconde guerre
mondiale. De plus, il suffit de lire le programme du Conseil National de la Résistance (1944)
pour voir toutes les mesures sociales et économiques extrêmement ambitieuses, qui devaient
alors être mise en place. Pourtant, nous étions à peine sortis d’une guerre terrible qui avait mis
notre pays à genoux et on nous parle de crise aujourd’hui ! C’était quoi la France de 1945 ? Un
pays de cocagne ?
Tout ceci est une question de volonté politique, pas autre chose.
La CGT n’a de cesse de dénoncer tout cela.
Lorsque l’on s’engage à la CGT, on croit en tout ceci, dans toutes ces valeurs, à ces modes
de fonctionnement. On ne nous fera pas croire que cette crise financière, qui est avant tout
le problème de banquiers et de capitalistes doit conduire à la mort de notre système social.
Nous ne voulons pas d’une société basée sur le toujours plus d’argent, sur la rentabilité,
la concurrence, le « marche où crève », la loi du plus fort… Nous croyons toujours en
une société plus juste et égalitaire, une société où si nous vivons ensemble c’est pour
être solidaires et aider les plus nécessiteux, aider nos enfants à se construire un véritable
avenir, aider nos aînés à vivre une retraite décente… Si vous aussi vous partagez ces
valeurs, soutenez vos élus CGT, votez CGT, et même pourquoi pas, rejoignez nous dans
ces combats pour notre avenir, à tous… Tous ensemble ne baissons pas les bras, jamais,
quoi que l’on puisse


P.S.
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