Monsieur le Président,

Aujourd’hui 24 mars, est convoqué le premier Comité technique (CT) du CMN suite aux élections professionnelles du 4 décembre 2014.

C’est en toute responsabilité que le Syndicat National des Monuments Historiques-CGT a décidé de ne pas siéger. Vous ne nous laissez pas le choix !

Comme vous le savez, la CGT n’a pas pour habitude de pratiquer la politique de la chaise vide, néanmoins face à la situation dans laquelle vous avez mis notre établissement, nous n’avons d’autre choix pour faire entendre la voix des personnels que de boycotter cette séance. La lettre de mission qui vous a été délivrée par la Ministre dès votre prise de fonction en juillet 2012 vous enjoignait à un dialogue social exemplaire. Alors que votre mandat se termine dans quelques mois, force est de constater que nous sommes très loin du compte. Le dialogue social au CMN ne s’est jamais aussi mal porté, et en la matière les apparences sont extrêmement trompeuses. Vous avez beau jeu d’afficher la bonne tenue des instances, de proposer des réunions nombreuses, et de vous réjouir de la présence des représentants du personnel, nous vous le disons une fois de plus, M. le Président, quantité n’est pas gage de qualité.

Concernant les instances représentatives du personnel, nous avons à plusieurs reprises dénoncé leur mauvais fonctionnement. Pour ne prendre que l’exemple du CT d’aujourd’hui, nous avons eu toutes les peines du monde à inscrire des points à l’ordre du jour. D’ailleurs tous n’ont pas été pris en compte et il aura fallu des échanges avec la Directrice des ressources humaines pour la convaincre de la légitimité de nos questions. Pour les élus d’île de France, les dossiers leur sont parvenus tout juste dans les délais réglementaires mais avec de nombreuses lacunes qui ont fait l’objet d’envois complémentaires trois jours avant la séance. En revanche, nos élus de régions, ont reçu leurs dossiers très largement hors des délais réglementaires. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler, M. le Président, un fonctionnement exemplaire, et ce n’est là que le dernier exemple en date puisque nous n’avons cessé de dénoncer tous ces dysfonctionnements. Et que dire du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui vous sert uniquement de faire-valoir et que vous n’informez que très rarement des démarches que vous entreprenez et auxquelles vous devriez l’associer.

La concertation que vous affichez, que ce soit avec les personnels ou leurs représentants, n’est qu’un leurre, comme le démontre l’ordre du jour de cette séance.

En effet, quatre points concernent l’ouverture de : la Villa Cavrois, l’Hôtel de Sade, le Fort de Brégançon, l’Hôtel de Lunas. Or, ces points n’ont fait l’objet d’aucune discussion préalable contrairement à ce que vous affirmez. Si tel avait été le cas, nous vous aurions présenté nos plus vives craintes quant aux modalités de ces projets d’ouverture qui visent notamment à déléguer aux offices de tourisme l’ensemble des missions d’accueil, de médiation culturelle et d’ouverture à la visite, ce qui revient à une externalisation de pans entiers des missions fondamentales de l’établissement. Ceci est totalement inacceptable. En outre, ces ouvertures se feraient sans aucun moyen supplémentaire en termes d’effectifs, ce qui vous conduit à « mutualiser » les services au sein de périmètres administratifs que nous contestons par ailleurs et à « redéployer » les agents, dégradant ainsi considérablement leurs conditions de travail. Ne citons que des délais de route extravagants, générant des risques routiers dont le CHSCT n’est même pas informé, des « multi-affectations » alourdissant la charge de travail de certains agents, dégarnissant de fait certains monuments, au profit de ceux jugés plus « vendeurs » en termes d’image. Autre fait significatif vous nous présentez aujourd’hui non seulement des projets de réouverture mais aussi les organigrammes, les règlements de visite, les organisations du travail, sans même que nous ayons pu en discuter en amont.

Si vous voulez que ces monuments ouvrent dans de bonnes conditions, pour le public, comme pour les agents, il est primordial de recruter les effectifs à hauteur des besoins !

Concernant le service des visites conférences d’île de France, c’est suite à une très forte insistance de notre part que vous avez accepté d’inscrire ce point dans la dernière version de l’ordre du jour. Là encore nous vous prenons en défaut de dialogue social. Ce n’est pourtant pas faute de vous avoir alerté à de multiples reprises sur ce service que vous n’hésitez pas à laisser mourir à petits feux, en témoignent les effectifs, passés en peu d’années de 25 à 7 agents, sans que vous ayez pris la peine de recruter à hauteur des besoins. Parallèlement un certain nombre de ces collègues sont laissés dans une situation de précarité inadmissible, générant de surcroît une iniquité patente au sein de l’équipe. En témoignent aussi la réduction des missions et du périmètre d’activité des conférenciers, comme l’illustre votre refus de poursuivre les visites programmées, depuis près de vingt ans, à l’Hôtel de la Marine, tout cela sous un prétexte fallacieux de négociations en cours quant au rattachement prochain de ce monument au CMN. Compte tenu de la désorganisation voulue de ce service, les agents sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes, sans perspective, sans projet, et n’ayant pourtant pas perdu leur motivation !

Quelle sont vos intentions quant à ce service M. le Président ? Pour notre part, nous demandons que le service des visites conférences d’île de France soit renforcé dans ses moyens et ses missions.

Enfin, que dire du contrat de performance, qui n’est autre que l’affichage et la traduction par écrit de la vacuité de votre politique.

Dans ces conditions, M. le Président, ce sera sans nous !

Paris, le 24 Mars 2015

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