Le mystère du Passage Vérité : le « Triangle des Bermudes » du ministère de la Culture

Dans la vie il y a des choses logiques et intangibles comme le fait que le temps s’envole et nous pas. Cloués au sol par la pesanteur, nous y restons et c’est tant mieux au fond car sinon le ciel serait couvert de millions de personnes affublées de montres arrêtées.

Mais il y a aussi des questions et des mystères insondables. Par exemple, les spaghettis… sont-ils vraiment la version plus compliquée du jeu de Mikado ?

Le Passage Vérité, c’est l’un des derniers grands mystères non résolus, pour lesquels aucune explication scientifique valable n’a encore été trouvée.

Ainsi donc, qu’on se le dise, dans le 1er arrondissement de Paris, il existerait un mystérieux endroit situé entre la place de Valois et la rue Montesquieu. Le Passage. Il fascine. Il empoisonne aussi la vie des agents de l’administration centrale depuis de trop longues années.

Des générations d’hommes et de femmes ont été victimes de cette espèce de trou noir dans la galaxie administrative : des informations disparaissent mystérieusement des écrans radar sans laisser de traces, des consignes se perdent d’un coup, sans explication, comme évaporées, des dossiers entiers parfois et des parapheurs… soudainement engloutis !

Bon nombre de théories plus ou moins fumeuses et farfelues ont déjà été avancées pour expliquer ce phénomène. Les uns d’évoquer la conspiration politique, les autres de soutenir mordicus la thèse de l’intervention d’extraterrestres malfaisants, quand ce n’est pas que certains y voient la manifestation de civilisations perdues. D’autres esprits, plus terre à terre, et peut-être un peu mesquins invoquent la mainmise secrète de la technocratie sur une administration refusant de suivre les consignes du Ministre et de son cabinet. Et puis, on remet 100 balles dans la machine et c’est reparti : la guerre des services et l’espionnage international ne seraient pas étrangers à l’affaire ?!

Mille et une hypothèses, autant de nuits blanches, des déclarations en dur chaque fois démenties dans la foulée, rien n’y fait, rien ! Le Bidule continue : invisible, indéfinissable, seulement perceptible par l’irrésistible attraction gravitationnelle l’incitant à happer toute information, consigne, note qui passe à sa portée.

Enfin, quand on y réfléchit bien, à nerfs reposés, la chose la plus bizarre et la plus intrigante à propos du Passage Vérité n’est pas le nombre de disparitions constatées, c’est bien plutôt le fait que l’information ne se dissolve pas systématiquement. C’est comme si une main invisible faisait le tri et choisissait les infos parmi celles qui viennent de la rue de Valois ou des Bons Enfants, c’est selon.

Aux dernières nouvelles, bagatelle, nous avons perdu comme par enchantement : le discours du Président de la République à l’occasion des 60 ans du ministère, tout ou partie de celui du Ministre au comité technique ministériel qui témoignaient pourtant l’un et l’autre d’ambitions pour notre ministère. A l’heure qu’il est on se demande bien pourquoi seuls les tableaux Excel qui soustraient les emplois, les crédits et les missions résistent au Passage… Peut-être ne sont-ils jamais réellement sortis de la zone de protection magnétique des Bons Enfants ou bien sont-ils protégés par un antidote dont seul le 8ème étage connaît la formule.  

L’été, les beaux jours, coquillages et crustacés, y a-t-il seulement un meilleur moment pour la déconcentration. On se déconcentre, on se distrait, on se détend. On en Profite. Profitez. Et profitons-en pour recharger les batteries solaires, celles heureuses de la solidarité et de la mobilisation.

Bon 15 août

Vive la Culture

et que Vive le ministère de la Culture et son administration centrale !

Paris, le 14 août 2019