Le Mont-Saint-Michel… C’est beau vu d’avion !

Plus d’un mois de mobilisation sans discontinuer

Les personnels de l’abbaye du Mont-Saint-Michel sont en grève reconductible depuis le 3 juin dernier afin de dénoncer la dégradation sans précédent de leur conditions de travail comme des conditions d’accueil du public, consécutives aux nouvelles modalités d’accès au site. Les personnels de l’abbaye revendiquent le rétablissement d’un service de transport dédié et adapté aux besoins de tous les salariés (public comme privé) ainsi qu’à la population du Mont. Ces mêmes navettes supprimées de manière autoritaire et sans concertation aucune, accueillaient également les personnes à mobilité réduite. Rappelons que dans sa réponse à la Cours des Comptes en février 2013, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault insistait pourtant sur le fait que « le Syndicat mixte doit s’assurer du respect de ses obligations contractuelles par le délégataire qu’il a retenu, tout en mettant au centre de ses préoccupations la qualité de l’accueil du public ».

La revendication porte également sur une dépose des salariés au plus près du Mont (au lieu de la dépose actuelle située à plus de 400 mètres, à parcourir deux fois par jour sur un chemin non aménagé), ainsi qu’un départ différencié, dans le souci de séparer les flux touristiques des flux professionnels. Cette demande, loin d’être un caprice de la part des salariés qui ne voudraient pas se mêler à la foule, constitue une mesure de prévention primaire liée à un risque professionnel bien réel (risque d’incidents voire de heurts avec la foule des usagers).

Transdev (Véolia) leader mondial du transport mais certainement pas de l’accueil !

Et pour cause, les navettes mises en place pour la desserte du Mont sont largement sous dimensionnées. Alors que le cahier des charges de la DSP (délégation de service public) prévoyait des navettes avec une capacité de 100 places, le matériel actuel ne permet de transporter que 76 passagers (88 pour les plus récentes.). Alors qu’à certains horaires, les navettes circulent à vide, sur d’autres créneaux, les bus sont bondés. Les fameuses « maringotte » (sorte de calèches) sont loin de rencontrer le succès escompté. Le délégataire estimait en effet que 20% du flux des 3 millions de visiteurs annuels emprunteraient ce moyen de transport. Entre problème de conception, coûts supplémentaires et retard d’un an dans la mise en service, force est de constater que Véolia s’est fourvoyée sur toute la ligne.

La gestion des groupes est calamiteuse, voire inexistante. Alors qu’il suffirait de se mettre en relation avec les « tours-operator », (notamment les groupes de visiteurs asiatiques qui constituent le tiers de la fréquentation du Mont), Transdev-Véolia préfère gérer à flux tendus, sortant des véhicules supplémentaires de ses dépôts quand lesdites navettes sont saturées. Quant aux salariés et aux Montois qui doivent emprunter quotidiennement ces nouveaux moyens de transport, Transdev-Véolia n’en a que faire !

Déni de démocratie locale

C’est dans ce contexte et dans l’opacité la plus totale que s’est négocié entre le Syndicat mixte (collectivités territoriales) et Transdev-Véolia, l’avenant n°5 à la DSP qui est venu supprimer le service dédié existant qui fonctionnait – plus ou moins – depuis un an. A aucun moment, les salariés (public ou privé) n’ont été consultés via leurs représentants. Ainsi, avec la suppression de cette navette dédiée (la « Montoise »), nous sommes passés de 246 départs de navettes par jour à… seulement 6 ! cherchez l’erreur ! Aucune étude, aucun bilan et surtout aucune anticipation n’ont concouru à la prise de cette décision absurde et très loin de la réalité quotidienne des salariés. Dans le cadre des dernières discussions et afin de préparer les négociations sur le dispositif futur, la CGT n’a eu de cesse de demander tous les documents relatifs à la fréquentation des parkings et des navettes, afin de pouvoir évaluer au plus près les besoins des salariés : Fin de non recevoir de la part de Transdev-Véolia qui, par ailleurs, n’a répondu à aucune de nos demandes depuis le début du conflit, si ce n’est par la négative. Par ailleurs, le syndicat mixte est dans l’incapacité de nous fournir le nombre exact et la répartition de salariés travaillant au Mont-Saint-Michel alors que cette donnée est pourtant fondamentale.

Des propositions inadaptées à la réalité des besoins

Les dernières propositions du syndicat mixte et de Transdev-Véolia sont notoirement insuffisantes. Seulement 16 départs quotidiens (pour une navette dédiée) soit deux par heure, uniquement aux heures de pointe : une véritable provocation qui démontre bien la méconnaissance totale de nos interlocuteurs. De plus, cette navette dédiée sera prélevée sur le trafic visiteur puisqu’il n’est ni question d’augmenter la flotte de véhicules, ni de recruter de nouveaux chauffeurs; ce que les salariés ne réclament d’ailleurs pas ! En effet, deux mini-bus (ex-Montoise) subsistent et sont toujours présents dans les dépôts de Véolia ! Quant aux personnels de l’entreprise, ils ont, semble-t-il, été redéployés à différents postes (agent de quai ou maringotte). Il s’agit donc là d’une solution de « délestage » au détriment de l’accueil et du transport du public. Inacceptable pour les personnels de l’abbaye ! Enfin, l’estimation du temps de trajet entre le point de départ au parking et l’arrivée au Mont est erronée (volontairement ?). Contrairement à ce qu’affirme Transdev-Véolia une même navette peut largement effectuer plus d’une rotation en 30 minutes (vérifié par nos soins).

La lutte continue !

Dans ces conditions et en toute connaissance de cause, les personnels ont voté à l’unanimité la poursuite et l’amplification du mouvement. Ils revendiquent :

  • Une véritable navette dédiée aux salariés (public et privé), à la population et aux PMR avec un cadencement toutes les 15 minutes.
  • De meilleures garanties sur la possibilité de dépose au pied du Mont, toujours en suspens car soumise à l’autorisation du Préfet
  • Des garanties concrètes et la transparence sur l’évaluation du dispositif transitoire
  • De réelles négociations sur le dispositif à venir dans le sens d’une amélioration du service public rendu

« Plus que jamais, nous enjoignons les autorités politiques à prendre leurs responsabilités et à relancer un véritable processus de négociation. Aujourd’hui, comme demain il nous faut accueillir dans les meilleures conditions tous les visiteurs-usagers et non à l’occasion d’un simple événement ponctuel. Au nom des personnels que nous représentons, nous exigeons un réel service public de qualité, au profit des visiteurs, de tous les salariés et de la population. Le Mont ne doit pas être pris en otage par quelque intérêt privé. »

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