La délocalisation du ministère de la Culture ou comment une administration reléguée continue la lutte

Décidément, d’une année sur l’autre, dans les cercles du pouvoir, à
l’Élysée, Matignon ou à Bercy, on ne retient pas la leçon et la culture reste une cible privilégiée.

Depuis l’annonce, juste avant l’été, que les gens de Bercy et de France-Domaine, dont on connaît la sensibilité débordante et l’intelligence culturelle, ont écrit un joli scénario qui nous enverrait voir ailleurs, à 30 minutes de Paris, tout en laissant la «rue de Valois» au Palais-Royal, la ministre bien au chaud dans son château pour nous rappeler, sans doute mieux, monsieur Balladur, triomphant, faisant interrompre les travaux du Grand Louvre afin de garder son confort et ses dorures du haut d’un ministère de l’économie qui n’en avait que le nom.

Les personnels et la CGT-Culture se sont mobilisés à plusieurs reprises pour résister. Pendant toute l’été, et jusqu’à maintenant, une pétition a été signée par plus de 2000 personnes. Des heures d’information syndicale ont eu lieu dans les sites de l’administration centrale. Plus de 150 agents ont occupé le hall des Bons-Enfants pour interrompre –avec succès- le Comité technique ministériel qui se déroulait salle Malraux, présidé par le directeur de cabinet.

Les agents ont demandé que la Ministre s’exprime sur ce sujet. La Ministre a envoyé une lettre aux agents la semaine d’après : aucune force, aucun choix, pas le moindre soupçon de défense de son personnel. On n’en sait pas plus de sa position, si ce n’est qu’elle manque parfaitement de courage et d’oser hausser le ton en face d’un gouvernement : d’autres ministres avant elle avaient su clairement affirmer qu’ils «voulaient leur administration à leur côté ! ». La culture n’aurait-elle plus la parole au sein du gouvernement, plus aucune force pour défendre ses droits ? Madame Pellerin sait-elle d’ailleurs que nous existons, nous, agents relégués, souvent ignorés ou méprisés par son cabinet ? Sa réponse molle et incertaine n’a bien sur rassurée personne, encore moins ceux de Pyramides et de Saint-Cyr, ces sites oubliés dans la débâcle (ou la stratégie..) qui, de
toute façon, doivent disparaître dans chacun des scénarios envisagés.
La démocratie culturelle, la solidarité, vous connaissez, madame la Ministre ?

Quoi qu’il en soit, il n’y a vraiment pas de quoi être rassurés. Aucun des
trois scénarios envisagés n’est écarté. Tout reste possible et même le pire. Nous avons appris en CHS CT d’administration centrale de vendredi dernier que les services du ministère étaient en train de trier les diverses propositions et que bientôt l’affrontement avec France Domaine allait avoir lieu. Affrontement sans combattant ? Et si la Ministre honore, à juste titre, les morts, le 10 novembre, le titre est-il moins bon de penser aux vivants qui sont sous sa responsabilité le reste de l’année ?

La priorité de la Ministre et de ceux qui dirigent notre ministère devrait
être de tout mettre en œuvre pour que les agents vivent leurs missions dans les meilleures conditions pour accomplir aux mieux un travail efficace, outil d’une politique culturelle cohérente, et assurer un
service public convaincant de la culture au service de tous !

Une fois de plus, une seule chose est sûre : ce qui comptera à l’heure de la décision, c’est notre attachement au service public de la culture et au ministère, notre vigilance, notre unité et notre mobilisation.

Continuons la lutte, restons motivés, luttons pour un meilleur avenir
pour tous ! Mobilisons-nous avec la CGT-Culture !!!

MAIS, ATTENTION !

DANS UN AN, VOUS DÉMÉNAGEZ. UN AN, C’EST DEMAIN. Demain nous serons en Yvelines, Essonne, Seine-Saint-Denis ou Val de Marne, à Vitry, Gennevilliers, Marne-la-Vallée, Mantes-la-Ville, Houilles, Cergy, Saint- Quentin ou Pontoise. Il n’y a rien de mal, bien sur, à nous retrouver en périphérie parisienne et participer ainsi directement au développement culturel de la ceinture parisienne et répondre à notre souci de démocratie culturelle et de lien social, encore faudrait-il qu’il y ait là un vrai projet.

MAIS, vous venez tous des quatre points cardinaux de la capitale, et, pour la plupart d’entre vous, les trajets pour gagner votre nouveau lieu de travail pourra devenir impossible. Nous avons déjà, scandaleusement, par rapport aux autres ministères, les salaires les plus bas : merci pour la motivation. Alors, réfléchissez bien. Demain : c’est aujourd’hui et c’est tout de suite qu’il faut combattre pour que nous pussions demeurer tous, solidaires d’une proximité nécessaire de travail commun.

MAIS, nous risquons aussi la densification : on peu encore faire mieux que la RGPP ne l’avait fait. On revisitera ainsi les compressions de César, écrasés les uns sur les autres pour jouer les œuvres d’art à la merci des caprices de France-Domaine. Avec cette nouvelle performance, nous resterons donc naturellement dans les domaines cultureux de notre ministère. Merci.

MAIS peut-être la Ministre souhaite-t-elle voir nombre de ses agents baisser les bras et se diriger vers d’autres ambitions que ceux de la culture. Il sera très vite trop tard. N’hésitez plus à nous rejoindre en nombre dès qu’un nouveau rassemblement sera lancé : c’est votre seul moyen d’actions pour rompre les silences d’un État qui, globalement déjà, ne vous écoute plus.

De toute façon, nous sommes décidés à ne jamais quitter les lieux sans
la ministre, par solidarité pour elle. Bien sûr.