Coûte que coûte au Musée d’Orsay !!!

Commandé par Matignon, le rapport Miquel a été remis au Premier ministre, suite aux audits-flash destinés à augmenter « l’efficience » du service public culturel. Il suggère « de façon non limitative » – comme l’y encourageait la lettre de mission -, une offensive sans précédent sur les moyens de l’action culturelle de l’État :
reconfigurer le secteur muséal (entre autres), accroître la performance, augmenter la productivité, réduire les coûts d’exploitation, s’associer à des partenaires financiers…

Avec une fréquentation de 2 millions de visiteurs par an dans les années 1990, qui a grimpé à 3 millions dans les années 2000, nous, personnels d’Orsay, dont l’effectif a diminué sur la même période, n’avons-vous pas déjà réalisé d’importants gains de productivité ? Augmenté la performance ? Et contribué aux bons résultats financiers du musée ?, stockés sur un fonds de roulement aujourd’hui grignoté. Ces gains font la fierté de la direction du musée au Conseil d’administration, mais nous n’en voyons guère d’effets, ni sur nos bulletins de paie, ni sur nos promotions.

Aujourd’hui, nous sommes remerciés de nos efforts, et incités à faire encore mieux : puisque nous y sommes arrivés jusqu’ici avec succès, eh bien continuons ! Une chose est certaine : la charge de travail de chacun va augmenter de façon continue, quand la direction déclare au C.A. (30/11/2009) viser 3,5 millions de visiteurs par an, à la réouverture après grands travaux. Tous prêts pour le challenge ?

A Orsay, premier axe en 2010 : l’externalisation des accès. L’administration avait assuré dans le communiqué du 11/12/2009 (sortie de grève), point 6, qu’ « étant donné la situation actuelle des effectifs, le musée confirme qu’il n’a pas de projet d’externalisation de missions ou fonctions supplémentaires. »

L’administration d’Orsay n’est certes pas l’auteur du rapport Miquel ; mais qui a conversé avec les chargés de l’audit ? Qui a fléché le secteur des accès ? Et pourquoi celui-ci en priorité ? Des projets de réaménagement à Montherlant ?… Projets qui « impacteraient » les locaux de l’infirmerie ? Tout s’explique !

Le rapport Miquel cible les fonctions support : téléphonie, informatique, logistique, la communication, le financier, les ressources humaines (concours et formations : – 20 %). Et ensuite ? Les conférenciers, la billetterie ?…A ce compte-là, tout est « externalisable » au musée. Même la conception et la réalisation des expositions : n’est-ce pas déjà le cas ?

Réduire les coûts signifie d’abord diminuer la masse salariale : le non remplacement d’un départ sur deux en retraite, c’est une dizaine d’agents en moins au musée d’Orsay en 2011, autant en 2012, en 2013…

Mais avec la réduction de 10 % des crédits de fonctionnement, ce sera davantage ; les contractuels CDD seront bientôt peut-être dans l’oeil du cyclone. Les contractuels sont 140 au musée d’Orsay, soit ¼ (25 %) de l’effectif total.

Le gouvernement a annoncé le 6 mai le gel des dépenses publiques pour les trois prochaines années. Le rapporteur général de la commission des finances au Sénat Philippe Marini (UMP), a affirmé qu’il « faudra faire des économies dans tous les secteurs » dans le prochain budget (in Le Monde).

Pas regardants à la dépense
L’éditorial du 7 mai de ce quotidien de référence mentionne la nécessaire « baisse du train de vie d’un État dont les plus hauts échelons sont habitués au luxe, quand ils devraient être spartiates. »

Habitués au luxe, à Orsay, c’est rien de le dire ! Rarement le musée aura aussi peu modéré les frais somptuaires, dont l’efficacité n’apparaît pas toujours indiscutable :

 projets commandés pour des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros, payés (normal : le travail a été fait) puis refusés ou abandonnés. Un gâchis. Exemples : projet d’architecte pour le niveau médian Lille, projet de typographie…

 des dépassements de budgets, par imprévoyance, ou imprécision ?

 de plus en plus de missions à l’étranger ; au point qu’on manque de personnel scientifique ou technique pour les convoiements. Alors on requière d’autres catégories d’agents – pas mécontents de s’envoler -.

 des missions longues – sous conventions, ou pas – dont le montant plafond a été relevé aux frais réels pour le niveau supérieur (cf. tract CGT La valse des millions du 25/09/2009). Et la facture s’alourdit de divers frais annexes, de confort.

 de plus en plus de personnalités transatlantiques invitées et défrayées.

 de plus en plus de cadeaux offerts aux listes des carnets d’adresse
V.I.P : catalogues d’expos en quantité…
Les personnels, eux, n’ont plus droit à un catalogue d’expo depuis Noël 2009 ; en contrepartie, ils ont été généreusement gratifiés du n° 3161 du magazine Paris- Match (du 17/12/2009), à la gloire… du plus haut échelon du musée d’Orsay ; entre Johnny Hallyday et Michaël Jackson : c’est la culture version people et paillettes…

 factures de restaurants pour déjeuners de travail en série ; aux plus hauts échelons, on ne recule pas devant le « travailler plus », au point d’y inclure même fréquemment la pause déjeuner en débriefing des réunions.

Au musée d’Orsay, la majorité doit faire des sacrifices, réduire ses moyens
tout en augmentant ses résultats, pour permettre à quelques-uns de conserver le superflu, l’apparat et la munificence.

Au musée d’Orsay, il est temps pour tous les personnels, tous corps, grades et filières confondus, de se mobiliser ensemble : titulaires et contractuels, postés et administratifs, scientifiques et techniques…. Car peu, très peu seront épargnés par les mesures d’austérité et de régression.

Luttons contre cette culture de la calculette, qui saigne un budget de la
Culture déjà sous le seuil de 1 % du budget de l’État, et impose une diète
sévère qui s’applique à tous, au musée d’Orsay, à l’exception des plus hauts échelons de la hiérarchie… partis aux States cette semaine.
Besoin d’évasion ? Pas de Comex au musée : un air de vacance…

Tous unis aux assemblées générales des personnels !

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