En mémoire de notre camarade Didier ALAIME

Notre camarade Didier Alaime vient de nous quitter brutalement samedi 3 avril. Il n’avait pas 60 ans. Le malheur est indifférent et il frappe sans discernement. Aujourd’hui, il nous laisse sans voix. Nous sommes abasourdis par cette nouvelle aussi terrible qu’inconcevable.

C’est toute la CGT-Culture réunie dans le chagrin et le souvenir fraternel de Didier qui se tourne d’abord et avant tout vers sa famille, son épouse, ses enfants et petits-enfants pour leur témoigner sa compassion. 

Fera-t-on jamais le deuil d’une vie et d’un parcours comme celui de Didier. Certes non. Et nous nous y refusons catégoriquement tant il forme un encouragement dans l’avenir et nous donne à voir par les actes le sens et la pertinence de l’engagement militant, et toute la force de l’altruisme.

Né le 20 juillet 1961 de parents instituteurs, Didier a passé son enfance à Précigné dans la Sarthe près de Sablé. Fallait-il y voir, déjà, comme un signe avant-coureur de ce que serait sa carrière au sein de la Bibliothèque Nationale et du ministère de la Culture. Reste que lui vint très tôt la passion des livres et de la photographie.

Poussé très vite par le goût de l’indépendance et l’irrépressible besoin d’aller à la rencontre du monde et du réel, il franchit à 18 ans les portes de la Régie RENAULT au Mans. Il embauche un vendredi sur la chaîne des pièces détachées et se lie aussitôt d’amitié avec le secrétaire de la section CGT qu’il accompagne dès le week-end dans une action de solidarité avec les travailleurs migrants. Il aura pris sa carte le lundi suivant et c’est le début d’une trajectoire militante ascendante et exemplaire. Six mois plus tard, il quittera l’usine, son contrat n’ayant pas été renouvelé, allez comprendre pourquoi ?!

De petits boulots en petits boulots, il se coltine la réalité souvent violente et intransigeante du monde du travail avant que d’entreprendre au début des années 80 de passer les concours du service public. Passant sûrement à côté d’une brillante carrière à la Poste, il préfèrera rejoindre, en 1982, les équipes de la Bibliothèque Nationale dans son antenne de Sablé, en tant que photographe.

C’est ainsi que tout naturellement, avec le calme, la persévérance et la persistance des convictions le caractérisant, Didier va créer la section syndicale CGT de Sablé. Son engagement syndical inséparable de son investissement remarquable pour la défense du service public et du service public culturel en particulier aboutira quelques années plus tard, au milieu des années 2000, à la fondation du Syndicat CGT de la Bibliothèque Nationale de France – le SBNF.

Les mandats et les responsabilités de Didier à la CGT-Culture furent nombreux. Il fut à de multiples reprises élu à commission exécutive de notre union syndicale, élu à son bureau national et son secrétariat national. Elu Secrétaire général au 9ème congrès de notre organisation, Didier occupera la première des responsabilités du premier syndicat au ministère de la Culture de 2010 à 2013.

Ce long cheminement dans le combat contre les inégalités, la précarité et pour la justice sociale fut marqué, toujours, par l’empathie, le respect, et l’écoute des autres. Ce sont ces valeurs essentielles à notre syndicalisme qui guideront Didier dans ses mandats électifs au Comité technique ministériel, au Comité technique de la BNF ou encore à la CAP des métiers d’art – en grande proximité avec le travail réel et les conditions de travail de chacune et chacun.

Le sens du service des autres avait aussi amené Didier à s’ouvrir au monde associatif et à s’impliquer sans compter dans le Comité national pour l’action sociale (CNAS). On se souvient qu’il tenait beaucoup à son activité militante au sein des structures associatives du ministère.

Didier avait intégré le secrétariat général en 2014, au service de la coordination des politiques culturelles et de l’innovation (SCPCI), avec la même ambition du service public et de la démocratie culturelle. En décembre 2017, il deviendra l’adjoint de la cheffe du département de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous savons combien Didier était apprécié de ses collègues et de ses interlocuteurs et combien ils sont nombreux à être affectés par sa disparition.

Cher Didier, Cher Camarade, tu as écrit des pages essentielles de notre histoire syndicale au ministère de la Culture. Tu as marqué les esprits par ton attachement profond au service public, à la démocratie, aux libertés, au progrès et à la transformation sociale. Nous ne t’oublierons pas.

Paris, le 7 avril 2021

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