L’emploi au ministère : sujet crucial mais toujours tabou

L’emploi au ministère : sujet crucial mais toujours tabou

Alors que la ministre de la culture Roselyne Bachelot-Narquin a rappelé à son administration que tout bon fonctionnement d’organisation nécessite la transparence, nous ne pouvons que déplorer le positionnement du secrétaire général sur la question de l’emploi. Sans aucune explication le 23 septembre à la présentation du projet de l’Organisation de l’Administration Centrale, celui-ci s’est refusé à donner son accord pour communiquer la documentation relative à l’emploi en administration centrale.

L’emploi, qui touche aux conditions de travail et de carrières, au fonctionnement des services et à la qualité du service rendu, est au cœur de plusieurs exercices actuels dont les enjeux sont considérables pour le bon fonctionnement du ministère et son rôle dans la relance du pays : la loi de finances 2020 et sa loi de finances rectificative 3, le projet de loi de finances 2021, le Plan de relance pour la culture et l’Organisation de l’Administration Centrale, qui n’est autre que le Plan de transformation ministériel (PTM) remastérisé par Roselyne Bachelot-Narquin.

Réorganisation de l’administration centrale et matrice de passage

L’ancienne secrétaire générale du ministère s’était engagée, dans le cadre du PTM, à communiquer aux organisations syndicales l’état des postes (vacants et occupés) et les effectifs par service au 1er janvier 2019 pour l’administration centrale. Nous savons que des mobilités d’agents ont déjà eu lieu depuis cette date. L’Organisation de l’Administration Centrale (OAC) étant la finalisation du PTM, il est indispensable que les organisations syndicales aient connaissance des effectifs par service au 1er janvier 2019 et au 1er janvier 2020, cette documentation constituant la base des travaux pour réaliser la matrice de passage du projet OAC.

Les priorités de Roselyne Bachelot-Narquin

La nouvelle délégation Démocratisation culturelle et Transmission des savoirs

La ministre de la Culture a fait de la création de cette délégation l’une de ses premières priorités pour co-construire les politiques publiques de la culture de manière tout à fait nouvelle. Ce projet ne peut se réaliser que s’il est honoré en emplois correspondant aux besoins. Il avait même été arbitré des créations nouvelles d’emplois pour renforcer cette nouvelle délégation. Sur ce dernier point, le silence du cabinet de la ministre est devenu absolu.

Projet de Loi de Finances 2021 et Plan de relance culturel

Au regard de la période que nous traversons, permettre un débat serein sur l’emploi et les capacités opérationnelles des services est indispensable afin de mettre en œuvre le plan de relance pour la culture. La ministre compte sur les Drac, et pour ce faire, leurs capacités opérationnelles doivent être renforcées et non simplement stabilisées, comme annoncé dans le PLF 2021.

Ce renforcement est également nécessaire au sein des directions métiers qui doivent s’adapter aux besoins sociaux et économiques nouveaux des filières professionnelles dans un contexte de grave crise économique, pour une capacité à agir maintenant, tout comme au sein des établissements publics en charge de la mise en œuvre de ce plan (Centre national de la musique, Centre national des arts plastiques, Centre national du Livre, etc.). Or l’administration centrale a perdu près de 300 emplois depuis 2012. L’accompagnement social des personnels, y compris l’action sociale, la formation professionnelle et le recrutement ne doivent pas être négligés et toute suppression d’emploi est à proscrire dans ces services.

Le 23 septembre, le cabinet de la ministre annonçait aux organisations syndicales que les emplois seront aussi sanctuarisés dans les services à compétence nationale, en plus de l’être en DRAC. Ceci vise près de 1750 emplois, hors DRAC. C’est essentiel mais cela ne sera pas suffisant pour répondre aux besoins dans ces services en charge de missions nationales qui ont été durement touchées par les suppressions d’emplois ces dernières années : près de 110 depuis 2012.

Au-delà des transferts de postes liés à l’OAC, les règles qui vont présider à la bonne gestion des postes vacants dans les services sont fondamentales pour la mise en œuvre des priorités de la ministre de la culture, les marges de manœuvre étant étroites.

Nécessaires créations d’emplois

Comme l’a très justement souligné la ministre hier à la fin de sa présentation du budget 2021, « Dans la situation qui est celle de notre pays aujourd’hui, il serait irresponsable d’énoncer des promesses dont la réalisation ne serait pas assurée ».

C’est pourquoi en l’occurrence il faut cesser de supprimer des emplois et en créer là où cela est nécessaire. Il est nécessaire aussi d’éviter que des emplois alimentent une forme de bureaucratisation du secrétariat général, ce dont le ministère n’a pas besoin. Nous y serons très attentifs.

La Cgt portera une attention toute particulière aux emplois et à leur utilisation pour un meilleur service rendu aux usagers et aux professionnels mais aussi à nos concitoyens. La transparence et les bonnes coopérations sont essentielles tant pour exercer notre mandat syndical dans les meilleures conditions possibles que pour la visibilité et les perspectives d’évolution de carrière des personnels. C’est pourquoi, nous demandons une nouvelle fois au secrétaire général de nous communiquer au plus vite les éléments relatifs aux emplois précédemment demandés, de nous faire part de la doctrine ministérielle en matière de répartition fine des emplois pour 2021 et d’ouvrir un dialogue constructif.

Il y va du devenir du Ministère de la Culture, de ses missions et ses agents.
 Vive la Culture et que vive le Ministère de la Culture !

 

Paris, le 29 septembre 2020